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Une maison en ...paille ?!?

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Le Projet

UNE MAISON EN...PAILLE ?!?

Ça tient debout ? Pour une cabane, d’accord mais pour une vraie maison ! Ça existe ? Mais ça doit brûler en moins de temps qu’il faut pour le dire, non ? Et l’humidité ? Les bestioles ? Rien ne vaut une bonne vieille construction en dur, bien solide...

Notre imaginaire collectif mène la vie difficile aux constructions en paille. Bien souvent, elles sont considérées comme peu résistantes et éphémères. Cependant, il est intéressant de savoir que, suite à l’invention de la botteleuse, les premières structures réalisées en ballots de paille ont été construites par des colons européens, arrivés dans les Sand Hills, au Nebraska au début des années 1800. Ayant peu ou pas de bois, pierres ou ciment à leur disposition dans une région destinée à la culture céréalière, ils décidèrent, pour s’abriter, d’utiliser le matériau le plus abondant : la paille. Ils empilaient les ballots et les recouvraient à l’intérieur et à l’extérieur de terre. Plusieurs de ces édifices sont encore sur pied aujourd’hui. La plus vieille bâtisse a eu 100 ans en 2003. En France, la plus ancienne structure en ballots de paille date de 1921 et se situe à Montargis.
Les constructions en bottes ne sont évidemment pas les seules structures utilisant la terre et la paille. Depuis toujours, dans différentes régions du monde, l’homme a construit en terre mélangée à des fibres naturelles( torchis, adobe, bauge, etc...)
Depuis les années 90, l’utilisation de ce type de techniques de construction est redécouverte en Europe, au Canada, en Australie et aux Etats-Unis. Aujourd’hui, de plus en plus d’architectes, ingénieures, (auto) constructeurs s’y intéressent autant pour des constructions privées que publiques.



POURQUOI CONSTRUIRE EN PAILLE ?

Dans l’Union Européenne, le secteur du bâtiment est le plus grand consommateur d’énergie. En 2008, 40 % de la consommation totale d’énergie est dépensée par la construction et ce domaine rejette 36% de CO2.

La construction en paille permet tout d’abord, de répondre à plusieurs critères pour diminuer notre empreinte écologique tout en proposant un habitat sain, ne diffusant aucune particule allergène et cancérigène. De plus, l’assemblage des bottes de paille recouvert d’enduit terre assure tout à la fois la structure, l’isolation, l’étanchéité à l’air, la finition et la résistance au feu. La plupart des autres matériaux ne remplissent généralement qu’une ou deux fonctions attendues pour l’enveloppe d’un bâtiment. Ensuite, la paille est un matériau recyclable et recyclé puisqu’il est un déchet agricole souvent brûlé ou non utilisé. Il est local et ne nécessite aucune transformation. Il a donc une consommation d’énergie grise qui est quasi nulle ( 0,001 MWh/m3). C’est également un module léger, agréable à travailler,simple et rapide à mettre en oeuvre, peu coûteux(la paille est dix fois moins chère que la laine de roche à résistance égale). Et enfin, les bottes de paille sont adaptables à différentes structures constructives car c’est un matériau non industrialisé. Elles permettent donc de réaliser des projets contemporains et traditionnels.



COMMENT ÇA FONCTIONNE ?

A. Les bottes de pailles.

Pour commencer, il ne faut pas confondre paille et foin. La paille est la partie entre l’épi et la racine des graminées, en d’autre terme la tige. Le foin est composé de la tige et des fruits des céréales. Il attire les insectes et pourri plus facilement. Il est destiné à la nourriture des chevaux tandis que la paille est un sous produit de notre production alimentaire. Celle-ci est utilisée en ballot, assemblage de paille compressée lié en bloc. Ils se déclinent sous différentes formes.Pour avoir de bonnes bottes de paille en construction, il faut qu’elles soient bien sèches, de dimension semblable, suffisamment compressées et composées de tiges fortes et flexibles. Les bottes doivent être assemblées comme les murs de briques( voir schéma).En général, elles sont montées à plat, c’est-à -dire avec les grandes faces horizontales et les petites faces verticales.Parfois, elles peuvent être disposées sur la face plus étroite, on dit qu’elles sont montées sur chant. La paille a quelques ennemis. Le premier est l’humidité. Il faut donc prévoir un lieu à l’abris de l’eau pour la transporter et la stocker sinon elle pourrira. Le deuxième, sont les nuisibles(rongeurs, insectes...). Il faut vieller à fermer tout les points d’accès possibles à la paille durant toutes les étapes du chantier. Et le troisième est le feu. Lorsque la paille est compressée, elle possède une bonne résistance au feu, meilleurs que certains matériaux traditionnelles. Il faut,cependant, être vigilant à la paille hors des ballots.

B. Les techniques constructives.

Le choix d’un système constructif est particulier pour chaque projet et dépend avant tout du climat local, du risque sismique, de la fonction du bâtiment ainsi que des préférences esthétiques et culturelles de chacun.

Deux techniques constructives sont distinguées dans la mise en oeuvre des bâtiments en paille :

1. Technique bottes porteuses.

Appelée aussi méthode Nebraska, les bottes portent l’ensemble des charges verticales de l’édifice. Cette structure est plus facile et plus rapide à mettre en oeuvre. Elle est considérée comme plus « verte » car elle réduit l’utilisation du bois. Elle possède une ductilité et une absorption d’énergie plus importante que la seconde technique. Elle est donc plus efficace.

Système constructif paille porteuse.
1 Soubassement de 50cm sur fondation avec
barrière d’étanchéité
2 Planches en bois renforcées (lisse basse)
3 Bottes de paille de 80x40x50cm
4 Tiges de liaison des bottes de paille avec lisses
hautes et basses
5 Planches en bois renforcées (lisse haute)
6 Sangles de compression
7 Chevrons de toiture
8 Enduit terre
9 Sous-construction du bardage (contre-lattes)
10 Bardage bois

2. Technique bottes non porteuses.

Les murs sont constitués d’une ossature bois ou d’un système poteaux-poutres. Les bottes sont utilisées comme remplissage isolant et non comme élément structurant. Cette méthode s’adapte plus facilement à différents styles architecturaux. De plus, en cas de dégâts, il est plus évident de faire les réparations. Et enfin, lors de la mise en oeuvre, la toiture peut être posée avant les bottes de paille et donc protéger le matériau pendant le chantier.

Système constructif poteaux-poutres.
1 Soubassement de 50 cm sur fondation avec barrière capillaire
2 Planche en bois (lisse basse)
3 Bottes de paille de 80x40x50cm
4 Tasseaux de 4x4 cm pour compression horizontale et verticale
5 Structure porteuse en bois
6 Caisson isolé de finition sous-toiture
7 Chevrons de toiture
8 Crépis à la chaux extérieur

C. Les enduits.

Après avoir assemblé les bottes de paille, suivant les deux techniques citées plus haut, il est nécessaire d’appliquer un revêtement sur celles-ci. Il existe trois types de revêtement : enduit en terre crue, crépis à la chaux et bardage en bois sur enduis en terre ou chaux. Tout d’abord, cela permet de protéger la paille contre les nuisibles et les infiltrations d’eau. Ensuite, il augmente la rigidité des murs. En effet, les murs en paille peuvent être comparés à des murs maçonnés constitués de grosses briques molles et recouvertes d’une peau dur qui reprend les différentes charges auxquelles la structure est soumise parce qu’elle est rigide. Seul, l’assemblage de ballots se déformerait. Le mur en paille est une structure complexe qui doit sa solidité à la combinaison de tout ses éléments. Le revêtement doit aussi être respirant pour permettre la régulation de l’humidité dans le mur. Les crépis au ciment sont déconseillés car ils ne possèdent pas cette qualité. Les enduits terre, quant à eux, sont particulièrement adaptés. Ils permettent au mur de respirer et ont une bonne capacité d’inertie thermique. Ils agissent comme des peaux vivantes et apportent un bien être dans le bâtiment. De plus, les enduits terre sont souvent réalisés à partir des terres d’excavation du chantier. Ce qui signifie qu’il n’a besoin d’aucun transport pour les acheminer ou les évacuer.

D’AUTRES TECHNIQUES TERRE-PAILLE.

1. Le torchis.

Le torchis est, traditionnellement, un mélange d’eau, de terre et de fibres naturelles (paille, foin, crin de chevaux...). Il est utilisé pour réaliser les murs et les cloisons d’une structure à ossature bois. C’est un élément de remplissage, non porteur. Le torchis a été utilisé tout au long de l’histoire, du néolithique au moyen-âge en passant par les celtes. Les maisons à colombages est un bon exemple d’utilisation du torchis.

2.L’adobe

L’adobe est une brique de terre crue constituée d’un mélange de terre, d’un peu d’eau et éventuellement de paille, par exemple, pour charger la brique. L’adobe est moulée et séchée au soleil. Ce matériau, encore énormément exploité aujourd’hui, a été utilisé pour construire les premières villes mésopotamiennes.

3. La bauge

La bauge est un système de construction monolithique en terre crue empilée. Il consiste à superposer différents blocs de terre après une courte période de séchage entre chaque couche. La terre est généralement mélangée à des fibres végétales. C’est une technique de construction très ancienne qu’on retrouve en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique. En France, les constructions en bauge se sont développées principalement du 18e au 20e siècle, beaucoup sont situées en Bretagne.

4. Le pisé.

Le pisé est une des plus anciennes techniques de constructions à fondations dites ancrées. C’est un système constructif de terre crue qui se met en oeuvre à l’aide de coffrages.

ET DONC,

Le système constructif en paille a fait ses preuves ces dernières années. Il propose une mise en oeuvre moins coûteuse et plus rapide pour un habitat plus sain tout en diminuant l’empreinte écologique sur l’environnement. De plus en plus de professionnels se qualifient dans ce domaine et, en France, un label a été mis sur pied pour que les constructions en paille soient reconnues officiellement. Ce nouveau type d’habitat est une réponse constructive pour les maisons de demain. Une maison en paille...pourquoi pas !

POUR EN SAVOIR PLUS

DE BOUTER A et KING B, Concevoir des bâtiments en bottes de paille, Champmillon, La maison en paille, 2009, Eyrolles.

WRIGHT D, Manuel d’architecture naturelle, Marseille, Parenthèses, 2006

COLLECTIF STRAW D’LA BALE, Paris,la maison de paille de Lausanne, La lenteur, 2013.

La construction en paille par des professionnelles de Rohe-Alpes, Thierry Passerat, 2013, http://www.youtube.com/watch?v=FCD9wWh8-C4

Maison isolée en paille-résistance au feu, 2011,http://www.youtube.com/watch?v=X9GE...

C’est pas sorcier -BIO-HABITAT : La maison se met au vert http://www.youtube.com/watch?v=HBP9....

S.O. MacDonald, Version française réalisée pa :’La Maison en Paille’,
www.lamaisonenpaille.com, La construction en bottes de paille-guide illustré version 1.02.

La construction en bottes de paille, étude de faisabilité, Lausanne, mars 2009.

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